L'altruisme efficace

et le don vivant

Élise Desaulniers, mars 2023

  1. La souffrance et la mort par manque de nourriture, d'abri et de soins médicaux sont mauvaises.
  2. S'il est en votre pouvoir d'empêcher que quelque chose de mal ne se produise, sans sacrifier quoi que ce soit d'aussi important, vous avez tort de ne pas le faire.
  3. En faisant un don aux organismes d'aide, vous pouvez éviter la souffrance et la mort dues au manque de nourriture, d'abri et de soins médicaux, sans sacrifier quoi que ce soit d'aussi important.

 

 

 

Conclusion : Par conséquent, si vous ne faites pas de don aux organismes d'aide, vous faites quelque chose de mal.

L’altruisme est un état d’esprit bienveillant. Être altruiste c’est être concerné par le destin de tous ceux qui nous entourent et leur vouloir du bien. Et cela doit s’accompagner d’une détermination à agir pour leur bien. Valoriser les autres est l’état d’esprit essentiel pour mener vers l’altruisme.

L’altruisme découle de l’empathie
, mais il ne doit pas être confondu avec elle. Il s’agit d’un ensemble de comportements que l'on va mettre en place pour soulager autrui de sa souffrance.

Matthieu Ricard

L’altruisme efficace est une démarche qui combine l’empathie et la réflexion : la compassion guidée par les faits et la raison. Il s’agit de dédier une part significative de notre vie à l’amélioration du monde, et de chercher avec rigueur à identifier les moyens de faire le plus de bien.

quelle cause choisir?

les altruistes efficaces sont à la recherche de causes ou approches qui répondent bien aux 3 critères suivants:

importance

Aide beaucoup de personnes de façon substantielle

Négligence

Les bonnes opportunités d’aider ne sont pas déjà toutes exploitées par d’autres

Résolubilité

Il y a une solution envisageable, et ce avec de bonnes chances de succès.

Principaux champs d'intérêt des altruistes efficaces

MacAskill 2015

Pauvreté mondiale

Élevage industriel

Avenir à long terme sur terre

1

Combien de personnes cette action affecte-elle, et quel sera l’ampleur de son impact? 

2

Est-ce la meilleure chose que je puisse faire?

3

Quelle différence est provoquée par mon action? 

5

Quelle est la probabilité de succès/échec, et à quel point le succès serait bon ou l’échec mauvais?

4

Quel est l’impact marginal de mon action?

  • Choisir des carrières qui ont un potentiel élevé d'impact positif sur le monde. (santé publique, l'enseignement, la recherche scientifique, l'engagement politique et social, etc).

  •  Utiliser des preuves pour aider les gens à prendre des décisions de carrière informées. 

  • Considérer les effets à long terme.

  • Choisir une carrières qui convient à ses intérêts et sa personnalité.

Principes du mouvement 80 000 heures

Oui, mais...

La méthodologie défendue par l’altruisme efficace implique de prioriser les causes puisque les ressources disponibles sont limitées. Certaines causes devraient donc être abandonnées lorsqu’elles concernent moins d’individus ou si la souffrance est moins importante.

  • Que faire des sanctuaires pour animaux, des ressource pour personnes qui souffrent de dépendances, des hébergements pour femmes de victime de violence conjugale, des maladies rares, de nos proches qui souffrent?
  • Peut-on vraiment mettre les causes en compétition les unes avec les autres?

 

 

 

 

 

Les altruistes efficaces ne luttent pas contre les causes profondes des injustices et s'inscrivent dans une logique libérale capitaliste.

  • Peut-on vraiment transformer un système avec des changements par étapes? Est-ce que l'altruisme efficace aurait mis fin à l'esclavage par exemple?
  • Les altruistes efficaces sont un peu des white saviors.
  • Quelle place reste-t-il pour l'empathie, la solidarité, l'activisme, les mobilisations collectives?
  • Souhaite-t-on vraiment que le privé se substitue à l'état?

selon les altruistes efficaces, nous avons L'obligation morale de s'inscrire comme
donneur d'organes à notre décès

(ou de ne pas se désinscrire
lorsqu'il y a le consentement présumé)

  • être inscrit·e dans l’un des deux registres de consentement;
  • état neurologique qui laisse entrevoir une mort imminente ;
  • état qui permet l’alimentation adéquate des organes en sang et en oxygène;
  • consentement de la famille. Le refus de la famille a préséance sur le consentement de la personne décédée.

 

Conditions pour donner ses organes au décès

En 2021 au Québec,

720 donneur·euse·s potentiel·le·s ont été identifié·e·s parmi les 70 000 personnes décédés.

524 ont été refusé·e·s; seul·e·s 197 ont été accepté·e·s.

 

De ce nombre,

53 donneur·euse·s ont été annulé·e·s,

n’en laissant plus que 144,

soit 20 %  des donneur·eus·s potentiel·le·s.

 

La même année, il y a aussi eu
75 dons vivants (15%)

Ces 144 personnes ont permis 505 transplantations (et 409 personnes greffées)

  • 150 poumons,
  • 90 foies
  • 223 reins
  • 29 cœurs
  • 12 pancréas
  • 1 intestin

Depuis 5 ans, 66 donneur·euse·s d’organes décédé·e·s ont eu recours à l’aide médicale à mourir au québec.

Le consentement présumé n'a pas nécessairement d'effet direct

sur le nombre d'organes transplantés

  • Le rein est l'organe le plus transplanté

  • Mais c'est aussi celui pour lequel il y a le plus d'attente (544 jours)

  • Et le plus de demande (620)

  • C'est aussi le seul organe complet qu'on peut donner de son vivant, 75 en 2021.

  • Le Québec est en retard par rapport aux autres provinces sur le nb de dons vivants de rein (20% des dons vs 40% dans le ROC)

Le rein, un cas à part

D'autres solutions

(moins consensuelles)

à la pénurie de reins

encourager Le libre marché

prélever des reins sur des cochons

réduire la sentence des détenu·e·s qui donnent un rein

encourager Le libre marché

Le problème fondamental de la transplantation est que les organes ont radicalement changé de statut. En devenant transférables d'une personne à une autre, ils sont devenus à bien des égards des biens comme les autres. 

(...) Mais nous n'avons pas l'habitude de considérer les parties du corps comme des biens. La loi ne l'a jamais fait, et pour beaucoup, l'idée est repoussante car elle semble (à tort) s'apparenter au fait de considérer les personnes elles-mêmes comme des marchandises. Cette tension a conduit à d'innombrables anomalies dans les politiques actuelles et le statut des parties du corps n'est toujours pas réglé.

– Conrad Anker

Janet Radcliffe Richards

prélever des reins sur des cochons

Je ne pense pas qu'il soit justifiable de tuer un animal pour que nous puissions utiliser ses organes pour une personne, pas plus qu'il ne serait justifiable de tuer une personne pour utiliser ses organes pour une autre personne. Le cochon a un droit sur sa propre vie et ses propres organes. Si vous tuez un porc pour ses organes, vous le traitez comme s'il était à nous, comme une simple ressource à usage humain, comme s'il existait pour nous plutôt que pour lui-même.

- Christine  Korsgaard

 

Christine Korsgaard

 

réduire la sentence des détenu·e·s qui donnent un rein

Comment donner de son vivant ?

Faire don de sang de cordon 

Donner du sang

Donner son lait

Donner du plasma

Donner un lobe de foie

Donner un rein

Vous en voulez encore?

Tonkens R. "The Most Good You Can Do with Your Kidneys: Effective Altruism and the Organ-Shortage Problem". J Med Philos. 2021 Jun 9;46(3):350-376. doi: 10.1093/jmp/jhab007. PMID: 34106278.

 

Adams C J et al. The Good It Promises, the Harm It Does: Critical Essays on Effective Altruism. Oxford University Press, USA, 2023

 

 

autres sources utilisées