Les aides aux médias confrontées à la réalité de la presse locale
(A visualiser en plein écran !)
La semaine dernière, les craintes exprimées par plusieurs experts se sont confirmées. La presse romande a recensé sa première victime liée au coronavirus : le journal Le Régional, basé à Vevey, a annoncé son arrêt immédiat. Alors qu'il était déjà malade, la crise aura eu raison de lui.
Parallèlement, le National a adopté une motion pour une aide de transition aux médias. Le Conseil fédéral appelait quant à lui à voter contre. 65 millions de francs ont été débloqués. Victoire ? Ça reste à voir. Pour l’instant, la question est plutôt de savoir…
 L’aide de transition aux médias répond-elle aux besoins spécifiques de tous les journaux ?

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Dans le texte introductif à la motion, on peut lire l'affirmation suivante :

« Le Conseil fédéral est chargé de veiller à ce qu'une aide de transition soit accordée aux médias suisses dans la situation actuelle, de sorte que les conséquences de la pandémie de coronavirus ne causent pas de dommages irréparables. »
Ces difficultés économiques semblent avant tout provenir de la baisse drastique des recettes publicitaires (mais ça, on y reviendra plus tard).
En effet, depuis le début de la crise, le monde médiatique est confronté au paradoxe suivant :
Une explosion  des audiences
Une situation économique (déjà compliquée)encore plus affaiblie
Pourquoi parler d’une aide de transition ?
Parce qu’il ne faut pas la confondre avec le projet d’aide à la presse sur lequel travaille le Conseil fédéral depuis plusieurs mois. Au vu de la situation actuelle,le milieu médiatique et certains politiques ont estimé qu’il fallait aller plus vite pour empêcher des dommages irréparables.


Mais comme on l’a vu, c’est déjà trop tard pour certains…
Une aide de transition de 65 millions de francs
Pour faire bref, on parle de 65 millions de francs suisses repartis comme ceci :
Ceci ne représente qu'une partie du plan d'aide d'urgence adopté. Si vous voulez en savoir plus, scrollez vers le bas !
Une aide indirecte vraiment conséquente ?
La plupart des aides proposées sont ce qu’on appelle des aides indirectes aux médias. Dans le cas de la presse locale et régionale, on ne va donc pas leur verser directement ces 25 millions de francs mais les mobiliser afin de supprimer leurs frais liés à la distribution des journaux papier. Et dans certains cas, ça ne les aide pas forcément…
Par exemple, le quotidien romand édité à Fribourg « La Liberté » estime que seul 1/3 de leurs journaux* sont distribués via la Poste.
*source :Serge Gumy, rédacteur en chef de "La Liberté", lors d'une table ronde organisée par le Club suisse de la presse le 30.04.2020
En effet, la plupart des rédactions régionales misent sur leur propre service de livraison matinal. Ce qui permet à leurs abonnés de prendre connaissance du journal le plus tôt possible. Le but ? Garder leurs abonnés qui peuvent aussi très bien se renseigner sur internet comme la Poste ne livre parfois qu’en début d’après-midi !


Pour Le Nouvelliste (VS), cela représente environ 80% de leurs livraisons*.


Le plus grand problème économique actuellement (et pas que pour la presse régionale), concerne la chute drastique des recettes liées aux annonces publicitaires...
*source : Vincent Fragnière, rédacteur en chef du "Nouvelliste" lors d'une table ronde organisée par le Club suisse de la presse le 30.04.2020
Des recettes publicitaires en chute libre
Comme à chaque crise économique majeure, les annonceurs se sont retirés des versions papier des journaux. Il faut bien comprendre que, pour la plupart des médias régionaux, la part de leur lectorat qui consomme des journaux papiers est encore très importante vis à vis du numérique.
85%*
15%*
*selon l'exemple du Nouvelliste et d'Arcinfo. A noter que le lectorat "print" bénéficie également de leurs offres en ligne.
C’est donc de là que vient principalement l’argent : la publicité sur le print. Or, depuis le début de la crise du coronavirus on enregistre des baisses des revenus publicitaires allant jusqu'à 95%. En voilà un petit aperçu :
Le Nouvelliste estime sa baisse de recettes publicitaires à 50% par rapport à un mois d'avril normal.
La Liberté s'estime quant à elle heureuse avec une baisse d'environ 30% pour le mois d'avril mais craint pour le mois de mai.
*source :Serge Gumy et Vincent Fragnière lors d'une table ronde organisée par le Club suisse de la presse le 30.04.2020
Suite à ce constat, on comprend pourquoi l’aide indirecte peut sembler peu conséquente pour les médias de presse régionale.


Mais rappelons-le : il s’agit ici d’une aide d’urgence. On essaie donc avant tout de limiter la casse. Un paquet d’aides à long terme a quant à lui été soumis au parlement par le Conseil fédéral.


Mais en vérité… Ces deux-là se ressemblent beaucoup.
Mais cette situation n'a rien de nouveau!


La situation économique compliquée dans laquelle se retrouvent les médias suisses a en revanche empiré avec la crise du Covid-19. Certains critiquent depuis longtemps un modèle économique qui ne fonctionne plus….
Aujourd’hui, les médias privés fonctionnent avec un système économique en deux piliers :
Pour certains, il serait temps d’en rajouter un troisième. Et il pourrait prendre plusieurs formes :
Abonnements
Publicité
Mais pour l'instant, le Conseil fédéral ne semble pas partir dans ce sens. D'ailleurs, certains médias voient en une aide plus directe des autorités une menace pour leur indépendance. Le débat reste donc ouvert.
Aide directe des autorités fédérales ou cantonales
Aide au service de livraison privé
Fondations et donateurs privés
ou
ou
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