Sida : un tabou de

la Guyane

Dans le département le plus touché de France, ils se battent contre les préjugés en pleine forêt Amazonienne

Sur le fleuve

Denis a 22 ans, il est bénévole, engagé dans la lutte contre le sida.

 "On se bat pour les gens du fleuve"

Tous les mois il navigue sur le fleuve Maroni à la rencontre des habitants des "kampus", villages de l'Amazonie française isolés des structures de santé.

VIH

En Guyane, le taux de contamination est presque 9 fois supérieur à la moyenne nationale. En cause, la difficulté d'accès à l'information et l'offre de soins, mais aussi la stigmatisation des séropositifs, qui entretient le tabou autour de la maladie. 

Denis milite aux côtés de sa mère, Carolina, séropositive et bénévole pour l’association AIDES.

 "Si c'est possible, je vivrai jusqu'à 100 ans !"

Ancienne prostituée passée par la case prison, elle a élevé seule ses deux enfants et témoigne aujourd'hui pour libérer une parole encore taboue.

Anna, 28 ans, est née sur le fleuve Maroni, entre la Guyane française et le Suriname. En 2011, elle est dépistée séropositive .

La discrimination est très forte ici. Sur le fleuve, on raconte que ce sont les mauvais esprits qui donnent la maladie. Ma famille m’a emmené voir des chamanes et j’ai bu toutes sortes de potions. On a toujours vécu sans médecins, et aujourd’hui encore, beaucoup de gens se soignent avec des tisanes de feuilles.

Le sida est encore tabou. Si tu vas à l’hôpital, toute la ville est au courant, alors je ne voulais pas y aller. Je commençais à être malade. Je ne sortais plus, je préférais tout laisser tomber et attendre ma mort. Mais au bout de deux ans, j’ai rencontré un autre médecin, qui s’est bien occupé de moi, avec AIDES. Je me suis décidée à prendre le traitement. Ils m’ont fait comprendre que je pouvais être soignée et vivre comme tout le monde, avoir des enfants… Aujourd’hui ça va très bien. On vit normalement avec mon nouveau copain, qui n’est pas malade, et les gens peuvent bien penser ce qu’ils veulent. Je vais reprendre mes études, j’ai envie de travailler, comme tout le monde. Seulement la discrimination me met toujours en colère."

Un problème politique ?

La gestion politique de l'épidémie est-elle à la hauteur des enjeux ? Marion Revest, Ardéchoise installée en Guyane depuis 10 ans, s'interroge. 

Avec une habitante de Grand-Santi, elle a fondé une association de prévention et d'accompagnement pour les populations vivant autour des camps d'orpaillage, notamment les prostituées. 

Reportage vidéos et photos : Elena Brunet

Musique : Volfoniq ft Solo Benton, State Shirt

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