Gustave COURBET

Le Désespéré

Le Désespéré

 

 

Les données du cartel :

Huile sur toile

de Gustave Courbet

réalisée en 1843-1845.

 

Dimensions : 45 × 54 cm

 

Collection privée.

 

 

C'est un portrait...

sur un format paysage !

Le peintre : Gustave Courbet

artiste français, né à Ornans en 1819. Mort en 1877.

Courbet représentera souvent les paysages de son enfance, chers à son cœur.

www.musee-courbet.fr : site officiel du musée Courbet à Ornans

Le Château de Thoraise, 1865,

huile sur toile de 66 x 86 cm

Contexte historique

Le XIXème siècle est un siècle de bouleversements politiques, sociaux et économiques.

Ce bouillonnement se révèle aussi dans les arts : les artistes romantiques mettent en valeur leurs émotions, leur imagination ; les artistes réalistes montrent la réalité sans l'idéaliser et les impressionnistes développent une nouvelle technique picturale fondée sur la division de la couleur.

 

Le XIXème siècle voit aussi l'apparition de la photographie et du cinéma.

 

Paris, capitale européenne artistique, se transforme sous le Second Empire avec les travaux haussmanniens.

 

Voir la frise : Courbet et son temps

Gustave Courbet est le principal représentant du Réalisme.

(mouvement artistique apparu en France entre 1848 et la fin du XIX ème siècle).

 

 

 

Le Réalisme en peinture se définit par une représentation fidèle de la vie quotidienne, la plus objective possible.

Rappel : la photographie est à peine découverte ! La peinture a encore pour rôle de montrer le monde "tel qu'il est vu".

 

 

 

Les sujets représentés sont ceux de la vie quotidienne : les travailleurs, les moments de prières, les enterrements, les notables et paysans provinciaux...

 

 

Je veux " traduire les mœurs, les idées, l'aspect de mon époque, selon mon appréciation, en un mot, faire de l'art vivant ". Citation de Gustave Courbet vers 1855

 

 

 

 

 

 

Le traitement pictural est massif et dense, posées au couteau ou à la brosse, les couleurs sont souvent sombres et sourdes.

 

 

 

 

 

 

Jean-François Millet est aussi un célèbre peintre appartenant au Réalisme.

 

L'Angelus, 1857 - 1859

Huile sur toile de 55,5 x 66 cm

 

Musée d'Orsay, Paris, France

 

 

 

Les Glaneuses, 1857

Huile sur toile de 84 x 112 cm

 

Musée d'Orsay, Paris, France

 

 

Il arrive à Paris en 1839 pour y suivre des études de Droit mais il passe plus de temps au Louvre pour y copier Rembrandt, Hals, Rubens, Caravage ou Titien.

 

 

Dans la "galerie espagnole" de Louis-Philippe,  il découvre VélasquezMurillo ou Zurbaran qu'affectionnera également le jeune Manet.

 

Des maîtres hollandais il prend la vitalité de la touche très apparente, des gestes rapides, brossant sans fioriture l’essentiel et qui produisent des effets de réalité saisissants, dans les portraits, les autoportraits et les scènes de genres. 

 

Des maîtres espagnols il prend le goût pour les portraits des gens simples, des paysans, la tonalité ocre et les jeux de clair obscur.

 

Parmi ses concitoyens, Courbet admire Géricault (Le radeau de la Méduse, 1819) et Delacroix (La Liberté guidant le Peuple, 1827).

L’homme au gant du Titien

Entre 1510 et 1520

Murillo,

Autoportait, vers 1670-1672

Velasquez

Le Bouffon Calabacillas, 1637-39

Bouffon de manière réaliste avec ses mains épileptiques

Le Désespéré

est un autoportrait.

 

Dans la hiérarchie des genres, le portrait et autoportrait est un genre moins estimable que la peinture d'histoire.

 

 

Dans la peinture académique, la hiérarchie des genres était la suivante (du plus noble au moins noble) : la peinture d'histoire (faits historiques, mythologiques, religieux), le portrait (ensuite l'autoportrait), la scène de genre, le paysage, les peintures animalières et la nature morte.

Dans toute l'oeuvre de Courbet, on peut comparer plusieurs autoportraits. Dans sa jeunesse, c'est une représentation qu'il affectionne. Il se représente souvent en gros plan, avec de nombreuses parties du corps hors-champ et très près de la surface du tableau (et donc du spectateur).

 

Courbet a ici 23 ans. Il semble nous regarder mais aussi songeur, absorbé par ses pensées.

Autoportrait au chien noir

Deux ans plus tard, il peint : L'homme blessé,

ou le Moribond

L'année suivante, il peint :

Le Désespéré

Courbet a 30 ans

Le fumeur de pipe

L'autoportrait en désespéré dénote : le personnage nous fixe clairement, les émotions (désespoir, peur, folie) sont exacerbées alors que dans les autres autoportraits Courbet semble absent, en semi-sommeil, rêveur.

Le Désespéré est de face, alors que dans tous les autres autoportraits, le corps est de trois-quart ou incliné.

Le Désespéré ou le fou de peur, 1843-1845

huile sur papier collé sur toile

60,5 x 50, 5 cm

Oslo Nasjonal Galleriet

Autre tableau :

le sujet est le même mais

le cadrage est différent,

la position est aussi légèrement différente ainsi que le fond.

La réception : entre succès et scandales

L'Autoportrait dit Courbet au chien noir lui vaut les honneurs de sa première

admission au Salon en 1844.

En 1845, Courbet présente cinq toiles pour le Salon : une seul est acceptée.

 

Champfleury (écrivain et critique d'art) rédige pour le peintre qu'il admire, 

la liste de ses œuvres pour le Salon de 1849.

 

Une après-dînée à Ornans y rencontrera un grand succès, achetée par l’État.

 

En revanche, Un Enterrement à Ornans y fera scandale !

 

 

 

 

Les salons

Tout artiste souhaitant se faire connaître devait participer à cette manifestation artistique qui se déroulait à Paris.  Unique moyen d'obtenir une reconnaissance officielle, des commandes publiques et une clientèle.

Depuis le XVIIIe siècle, y étaient exposées les œuvres des artistes agréées par l'Académie des beaux-arts.

 

En 1863, la tenue de l'unique Salon des refusés qui, à l'initiative de Napoléon III, tenta de répondre à la vague de protestations soulevée par le nombre très important d'œuvres refusées par le jury (plus de 3 000 œuvres sur les 5 000 envoyées).

Le Déjeuner sur l'herbe, d'Edouard Manet y sera le symbole d'un art qui défie le bon goût officiel !

L’image est-elle originelle (de visu, tu es devant l'oeuvre réelle) ou reproduite ?

Pour voir l’œuvre en vrai, il faut attendre qu'elle soit prêtée par son propriétaire (collection particulière) pour une exposition.

De nombreuses reproductions du Désespéré de Courbet sont disponibles sur Internet (voir la vignette ci-dessous), la plus fiable est celle du site du musée d'Orsay. Les reproductions des institutions culturelles sont celles qu'il faut privilégier dans tes recherches.

Cette photographie est intéressante car elle nous montre le rapport de proportion entre l'oeuvre et un spectateur.

L'échelle 1:1 est presque respectée, comme pour renforcer l'effet "miroir" (l’œuvre serait comme le reflet du spectateur se trouvant face à lui).

 

Cet aperçu du moteur de recherche Google montre les écarts de qualité entre certaines reproductions :

- couleurs transformées

- tableau recadré (découpé)

- proportions non respectées

Échelle réelle

Montages : la perception de l’œuvre en est transformée

La forme, la taille, la couleur et le style du cadre peuvent avoir une incidence sur la perception de l'oeuvre

Cadre en bois stuqué doré,

à décor de feuillage, époque Napoléon III.

Il a conservé son cadre d'origine, très fréquent au XIX° siècle.

Quelle reproduction te paraît la plus grande ?

Pourtant les trois images reproduites du tableau sont de mêmes dimensions.

Le cadre sur la vraie toile procure ce même effet lorsque tu es devant le tableau.

Courbet est-il bien le peintre ?

Sa signature à la peinture rouge "sang" en atteste.

Sa signature semble « surajoutée » à la représentation (marque de l'achèvement du tableau) comme sur un voile transparent à la surface de l’œuvre.

Cette signature est la plus répandue au XIXe siècle donnant l’impression que son nom flotte au premier plan, un peu à la façon d’un étendard, dans une couleur éclatante et une graphie appliquée, sur le devant de la représentation, avec laquelle elle ne se confond pas.

Parfois, sa signature se mêle avec la représentation :

Portrait de Proudhon en 1853

La signature est juxtaposée à l’inscription dédiée au modèle-sujet de l’œuvre : sur la marche où Proudhon est assis, se lisent ses initiales en lettres capitales et la date « historique » (« P.J.P. 1853 »).

 

Dans l’oblique de la perspective, comme s’il s’agissait d’un élément gravé dans la pierre se lit la signature de l’artiste (« Gustave Courbet 1863 »)

Analyse plastique réalisée avec le logiciel GIMP

Exposition au musée des beaux-arts de Dole en 2011 : plusieurs artistes modernes et contemporains ont répondu à une œuvre ou à l’esprit de Gustave Courbet.

Citation du photographe Olivier Blanckart

Ressources sur Internet

Ressources pour l'épreuve au baccalauréat

Rmn Grand Palais - podcast audio

Courbet au Grand Palais

Reproductions en haute résolution

Entretien de Thierry Savatier sur L'origine du monde

Gustave COURBET

By Corinne Bourdenet